Libertés Numériques : des idées pour agir

En novembre 2018, le Bar commun a organisé toute une semaine d’événéments consacrés aux Libertés Numériques.

Nos usages des outils numériques sont devenus une évidence pour chacun d’entre nous, presque naturels, et pourtant nous sommes peu nombreux à nous interroger sur leurs conséquences, aussi bien vis-à-vis de nos vies privées que de nos sociétés démocratiques.

Le Bar commun a donc décidé de mettre cette thématique à l’honneur pendant une semaine, du 21 au 25 novembre 2018, en mettant en avant deux notions pas toujours parlantes pour le commun des mortels : la neutralité du Net et le logiciel libre.

 

Notre café associatif a donc été investi plusieurs semaines à l’avance par l’Expolibre, une exposition proposée par l’APRIL pour expliquer l’intérêt du logiciel libre, ainsi que par « Les Pavés numériques », une installation d’art contemporain signée Filipe Vilas-Boas, dont l’objectif est de mettre en parallèle la révolution de Mai 68 avec celle qu’il nous incite à faire aujourd’hui dans le domaine du numérique.

 

 

 

 

Puis, à partir du 21 novembre, de nombreux intervenants se sont succédés, dont vous trouverez ci-dessous la liste exhaustive, avec des liens vers leurs sites. 

 

. Jean-Philippe Squelbut a assuré une permanence Mageia sur toute la durée de la SLN pour permettre à chaque visiteur de découvrir, voire installer, ce système d’exploitation libre alternatif à Windows et Mac, développé et maintenu par une association loi 1901 dont le siège social est situé à Paris.

 

 

MERCREDI 21 NOVEMBRE

. Magali Garnero, alias Bookynette, libraire militante à l’APRIL et à Framasoft, est venue tenir une librairie itinérante toute la journée : À livr’Ouvert, qui proposait des ouvrages qui traitaient tous bien évidemment de près ou de loin des deux sujets principaux de notre événement.

 

. Isabelle Dutailly nous a principalement parlé des qualités du logiciel Libre Office Writer. Spécialiste de l’écriture numérique, elle nous invite à prolonger la réflexion sur ses sites de coaching numérique et de tutoriels. Puis pour élargir notre horizon du logiciel libre, elle 

nous renvoie vers le site de référence qui recense tous les événements dans le domaine.

 

. Le CECIL (Centre d’Études sur la Citoyenneté, l’Informatisation et les Libertés) a proposé, par l’intermédiaire de Daniel, une sensibilisation générale et concrète sur les risques liés à nos usages du numérique. Un guide de survie des aventuriers d’Internet a été édité par cette structure. Il s’agit d’un très bon outil de pédagogie pour faire ses premiers pas dans le monde du logiciel libre.

 

. En conclusion de la première journée de l’événement, nous avons reçu François Pellegrini, commissaire à la CNIL et professeur en informatique à l’université de Bordeaux, qui nous a proposé un parallèle entre révolution industrielle et révolution numérique. Son analyse est claire : il va falloir choisir la société dans laquelle nous voulons vivre, car celle-ci se fera soit au détriment de l’humain, comme au début de la révolution industrielle, avec des logiciels privateurs et un Internet à deux vitesses ; soit au profit du plus grand nombre en passant par le logiciel libre et un Internet neutre.

 

 

JEUDI 22 NOVEMBRE

. Gaël Musquet, l’un des fondateurs du projet Open Street Map, nous a présenté Qwant, un moteur de recherche français alternatif à Google qui considère chaque visite comme étant la première d’un nouvel utilisateur. Il ne piste donc pas nos agissements. C’est du moins l’engagement de la société qui développe ce service, malgré le fait que tout, dans cet outil, ne soit pas libre. Gaël a fortement insisté sur la nécessité en France de créer des outils efficaces numériquement pour assurer l’indépendance de notre pays.

 

. « Faut-il boycotter Facebook ? » était le grand débat organisé par le Bar commun, ce jeudi soir, animé par Julien Roirant et diffusé… en direct sur Facebook. Le journal en ligne Le Drenche était au rendez-vous pour couvrir cet échange houleux entre Éric Delcroix et Magali Garnero, enrichi ensuite par des questions et interventions en salle puis sur Internet. Ce débat a donné l’occasion d’ouvrir et alimenter une page Wikidébat, site créé par Manu Reilhac, qui se propose de devenir l’encyclopédie des débats. Retrouvez ici les arguments qui ont été échangés pendant ce débat en direct du Bar commun.

Il ne tient d’ailleurs qu’à vous d’aller compléter les arguments pour et contre le boycott de Facebook directement sur le site Wikidébat.

 

VENDREDI 23 NOVEMBRE

. La Quadrature du Net, qui réalise un immense travail de veille et de sensibilisation juridique en faveur de la neutralité du Net (notamment grâce aux dons qu’elle récolte via son site) s’est emparée du Bar commun ce vendredi.

 

. Benoît Piédallu a proposé une très intéressante histoire d’Internet et de ses technologies, tandis que Syst a animé une séance de questions / réponses d’auto-défense numérique. Pour la soirée, Lunar nous a proposé une Conférence Gesticulée dans ce qui ressemblait plus à une salle de spectacle qu’à un bar (commun, on vous le rappelle).

 

SAMEDI 24 NOVEMBRE

. Les hostilités de fin de semaine ont été ouvertes par Keoma, de l’association Franciliens.net, qui nous a expliqué l’intérêt de La brique Internet : une solution d’auto-hébergement qui permet en plus de masquer son activité Internet à son fournisseur d’accès via un tunnel VPN. Parfait pour la vie privée et la neutralité du Net !

 

. Ensuite, nous avons reçu Jean-Baptiste Kempf, président de l’association Videolan qui développe le logiciel libre français le plus utilisé au monde : VLC. Entre autres choses, il nous a fait part d’un constat malheureux : dans notre « start-up nation » aujourd’hui, on est beaucoup plus crédible lorsqu’on est un entrepreneur que lorsqu’on est une association. Sa société Videolabs touche des subventions dont ne peut pas bénéficier l’association Videolan. Du coup, autant que possible il embauche les contributeurs bénévoles de cette dernière. Sa présentation est disponible sur demande.

 

. Et puisqu’on parle de commerce et d’entreprise, Antoine Ricard est venu nous présenter un projet entrepreneurial parisien intrigant pour un numérique durable, avec notamment un service de messagerie électronique proposé à ses clients : Classe. Sa présentation est également disponible sur demande.

 

. Pour terminer cette journée, c’est un sujet transversal qu’Hugo Trenteseaux est venu aborder avec la monnaie libre g1 basée sur le logiciel libre Duniter. Il s’agit d’une alternative aux monnaies d’États conditionnées aux politiques économiques actuelles. Peut-être est-ce l’avenir du revenu minimum universel et d’une plus grande égalité entre les hommes face à l’envie d’obtenir une existence digne ?

 

 

DIMANCHE 25 NOVEMBRE

. Yaël et Valery de l’association Le mouton numérique ont assuré un atelier de sensibilisation à destination des adolescents : « Les aventures du mouton invisible qui ne l’était plus ». Pourquoi n’est-il plus invisible ? Eh bien parce qu’il n’utilise pas les bons outils pour naviguer sur Internet, mon enfant !

 

. Et qu’en est-il de l’obsolescence programmée en informatique ? Ce sujet a-t-il un lien avec le logiciel libre et la neutralité du Net ? Selon Marie Duponchelle, et son ouvrage Le droit à l’interopérabilité, la réponse est oui ! Sa conférence dynamique et passionnante a été le point d’orgue de cette journée et a enflammé les débats. 

 

. En conclusion de cette Semaine des Libertés Numériques, Daniele Pitrolo, de l’association Franciliens.net, nous a présenté le film « Nothing to hide » de Marc Meillassoux (disponible en ligne en libre accès). Sa projection a réveillé quelques alarmes chez certains spectateurs qui ne s’attendaient pas du tout à ce que des entreprises comme Google et Facebook puissent accéder à autant de données et métadonnées personnelles simplement par le biais des logiciels et applications qu’ils mettent « gratuitement » à notre disposition.

 

 

Espérons maintenant que cet événement aura servi à faire prendre conscience aux participants que le combat pour la préservation de nos libertés dans le domaine du numérique n’est pas qu’une affaire de spécialistes ou de passionnés… 

 

Ah si ! On allait oublier un geste fort et symbolique, la destruction d’une caméra de surveillance utilisée pour annoncer la Semaine des Libertés Numériques à l’aide d’un pavé numérique emprunté à l’oeuvre de Filipe Vilas-Boas :

 
 

Pour toute demande ou pour toute proposition d’activités en lien avec le logiciel libre, la neutralité et la décentralisation du Net, n’hésitez pas à nous écrire à libertenumerique@lebarcommun.fr . Nous sommes ouverts à toute proposition, et même en attente !

 

 

 

(c) Crédits Photos : Chloé Resche